Interview de Pierre Mengin, Guide de montagne

 

Voici une interview de Pierre Mengin, un guide de montagne dans les Vosges que nous avons déja rencontré en été et en hivers.

Un grand merci à Pierre d'avoir répondu à mes questions.

 

Interview à lire ci-dessous ou à télécharger ici: Interview de pierre mengin _ avril 2015.doc (27648)
 

 

Vous avez créé une entreprise "Ma hotte" qui organise des randonnées, des observations, du VTT et d'autres animations.

- Pourquoi avez vous créé cette entreprise ?

            Exercer le métier d’Accompagnateur en Montagne n’était pas mon objectif. J’ai suivi des études de Gestion Forestière (BTS) et d’aménagement du territoire (Master) ; domaines dans lesquels je souhaitais trouver un travail. J’ai passé mon brevet d’état d’Alpinisme pendant mes loisirs lorsque j’étais à l’université.

            Après mes études, j’ai travaillé deux ans à Nancy au sein de l’Inventaire Forestier National. La vie en ville n’est pas faite pour moi et j’ai très vite ressenti le besoin de lier ma vie professionnelle à ma passion pour la nature et la montagne. En 2010 je suis revenu à La Bresse, le village de mon enfance. J’y ai créé une épicerie bio et partageais mon temps entre ce commerce et l’Accompagnement en Montagne. Petit à petit les deux activités ont pris de l’importance et parce que l’on ne peut pas tout faire, j’ai choisi en juin 2013 de vendre l’épicerie et de me consacrer uniquement à mon métier d’Accompagnateur en Montagne.

            Ce que j’aime dans ce métier est de rencontrer toutes sortes de publics (vacanciers, écoles, associations, entreprises, familles…) et de partager avec eux tout ce qui me plaît dans le massif des Vosges (faune, flore, tradition, gastronomie, légende…)

            J’apprécie énormément d’avoir le statut de travailleur indépendant qui permet de m’organiser comme je le souhaite en développant les activités que j’apprécie le plus.

 

-Qu'est-ce qui est le plus difficile dans votre travail ?

            La partie la plus difficile de mon métier est ce qui concerne la publicité et la communication pour faire connaître les activités que je propose. C’est un travail qui n’est pas évident et qui demande de s’y investir régulièrement. La partie administrative (papier) et la comptabilité sont également des parties fastidieuses et pas très amusantes.

            Par contre, chaque fois que je suis en montagne avec le public je vis des moments de plaisir, de partage et de rencontre très agréables.

 

-Quels sont les meilleurs et les pires souvenirs de vos sorties ?

            Les pires souvenirs de randonnées sont certainement les sorties qui n’ont pas eu lieu parce que les gens ne sont pas venus au rendez vous qui était fixé et qu’il faut les attendre en vain sur le parking…

            Chaque balade a son lot de bon souvenirs et il est toujours agréable de voir rire les gens qui me font confiance pour passer un bon moment. Si il fallait choisir des souvenirs en particulier, je dirais les sorties en fauteuil ski avec les personnes en situation d'handicap. Donner la possibilité à des personnes qui sont toute l’année en fauteuil roulant de participer à une sortie en montagne et de les voir s’amuser et s’émerveiller est un moment de bonheur partagé.

 

-D'où vous vient cette passion pour la montagne et la Nature en général ?

            Depuis tout petit je vais régulièrement dans la nature et plus particulièrement en foret par l’intermédiaire du sport, le ski de fond d’abord puis la Course d’Orientation. Grâce à la C.O. j’ai pu découvrir toute la variété des forêts françaises et ai eu la chance de les parcourir en dehors des sentiers battus. On y découvre alors leurs particularités, leurs mystères, une partie de leurs secrets et très vite on en tombe amoureux.

            Aujourd’hui il ne se passe pas une journée sans que je sois un moment en forêt. A chaque sortie, en fonction de la météo, de l’heure de la journée, de notre état d’esprit et des gens avec qui l’on est ; le paysage prend un visage différent. On ne se lasse jamais de parcourir la montagne et ces découvertes nous encouragent toujours plus à mieux connaître les paysages et la nature qui nous entoure.

 

-Vous avez un master en géographie, est-ce que cela vous sert pour vos animations ?

            Oui bien sur. Pendant mes études, j’ai beaucoup travaillé sur les paysages, la manière dont ils se sont construit et la façon dont ils sont gérés aujourd’hui.

            Ce sont des connaissances qui sont très appréciées du public qui vient découvrir la montagne et qu’il est très intéressant de partager avec les gens que j’accompagne.

           

-Quel est l'animal le plus réputé dans les Vosges ?

 

            L’animal emblématique de la montagne vosgienne est certainement le coq de bruyère ou grand tétras. Il est aujourd’hui en voie de disparition essentiellement à cause de la modification de son habitat et du dérangement. Des réserves naturelles ont été crées pour essayer de le sauver.

            L’importance de sa protection réside dans le fait que le grand tétras est considéré comme une « espèce parapluie ». C'est-à-dire que les nombreuses exigences que le grand tétras a vis-à-vis de son milieu permettent à de nombreuses autres espèces d’exister. En protégeant le coq de bruyère on protège surtout les derniers sites de vielles forêt diversifiées avec de gros arbres et une vaste biodiversité.

 

 -Existe-t-il des espèces protégées dans les Vosges ?

            La diversité de la montagne vosgienne : forêts, tourbières, éboulis, chaumes… fait qu’elle possède bon nombre d’espèces animales et végétales protégées. Plus que sa faune et sa flore c’est la diversité et la richesse de ses habitats qui méritent d’être protégées. En effet une espèce en disparition n’aura aucune chance de survivre si son milieu de vie est dégradé. Il est donc important de bien identifier les milieux les plus sensibles et y adapter les activités économiques et sociales pour préserver la faune et la flore.

           

-Est-ce qu'il y a des chamois dans tous les sommets des Vosges ?

 

            Le chamois a été introduit en 1956  au Markstein. Il s’est parfaitement acclimaté aux montagnes vosgiennes et notamment sur les pentes les plus raides et rocheuses situées sur le versant alsacien. Naturellement il a colonisé la grande crête et la plupart des secteurs escarpés des Hautes Vosges.

            De plus c’est un animal qui s’accommode de la fréquentation humaine ce qui lui permet de s’épanouir dans des sites très fréquentés comme celui du Hohneck où nous l’avons observé ensemble.

 

-Si vous deviez décrire les paysages des Vosges en quelques mots pour donner envie aux lecteurs de venir, quels seraient-ils ?

Sauvage, varié, mystérieux, accueillant.

 

-Profitez-vous dans vos sorties de sensibiliser les personnes à la sauvegarde et la préservation de la Nature ?

            Pour avoir envie de sauvegarder un paysage, un animal, une plante ou un milieu fragile il faut d’abord commencer par le connaître et l’apprécier ; on ne protège que ce que l’on aime !

            A chaque sortie j’essaie au maximum de partager avec le public ma passion et mes connaissances sur la montagne vosgienne. Partager la beauté et la richesse de nos milieux naturels est certainement le point de départ d’une préservation efficace de la nature.

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