Interview de Fabrice Cahez - photographe
Fabrice CAHEZ, photographe animalier et auteur de plusieurs ouvrages a bien voulu répondre à mes questions
Bonjour Fabrice CAHEZ,
D'où vous vient cette passion de la photo naturaliste et à quel âge avez-vous commencé ?
Comme beaucoup d’événements de la vie, cette passion est née après différentes rencontres. D’abord celle de photographes lors de mon service militaire, puis, ensuite celle d’un passionné d’oiseaux qui m’a donné le virus de l’observation de la nature. Mais, depuis tout petit je m’intéressais déjà à celle-ci, à travers la pêche, qui était la distraction favorite de ma famille et les jeux dans la forêt et la campagne. Après quelques années consacrées à la photo en noir et blanc, je n’ai démarré la véritable prise de vues naturaliste qu’à l’âge de 30 ans !
Dans quel endroit préférez-vous photographier ?
Je n’ai pas vraiment de préférences. J’aime de nombreuses régions, pourvu qu’elles soient encore sauvages et peu dégradées par l’homme. J’aime aussi une certaine forme de solitude et de tranquillité, ce qui n’est pas le cas partout. Je dois cependant avouer un « coup de cœur » pour le secteur des Vosges où j’habite, car il m’a permis d’effectuer mes plus belles rencontres de mammifères et la plupart des images de mes ouvrages.
Vous êtes basé plus particulièrement sur le renard et le chat forestier, pourquoi ce choix ?
Ma passion pour le renard est née lors de la période de présence de la rage en France, pendant laquelle il a été pourchassé et presque exterminé, sans résultats probants. Cette injustice m’a révolté et j’ai souhaité prendre sa défense, comme celle de tous les animaux dits « nuisibles » mais qui rendent pourtant de grands services à l’homme et à l’équilibre de la nature.
Pour le chat sauvage, c’est différent. J’avais beaucoup entendu parler de cet animal, sans jamais le voir. Dès ma première rencontre, à travers l’objectif, j’ai été envoûté par son mystère et ses prunelles d’émeraude.
A part le chat forestier et le renard avez-vous un autre animal de prédilection ?
J’aime la nature en général et suis capable de m’émerveiller de la même façon devant une jolie fleur dans la rosée que face à un rouge-gorge blotti sous la neige. La rareté d’une espèce m’attire peu. Je recherche avant tout le plaisir, l’esthétique et la qualité du décor. Mais, pour répondre complètement à ta question, disons que j’aime particulièrement les petits carnivores, comme la martre et l’hermine et les rapaces en général.
Vous faites des conférences sur le renard et le chat forestier, avez-vous comme projet d'autres sujets ?
J’ai toujours et, heureusement, d’autres projets, mais pas forcément dans le domaine photographique, puisque je milite depuis plusieurs années pour la création d’un Parc Naturel Régional dans ma région. Si nous arrivions à mener cette initiative à son terme, ce serait, à coup sûr, une de mes plus belles réussites.
Pourquoi aimez-vous faire des conférences ?
J’ai toujours aimé le contact avec le public. Quand j’étais lycéen, je faisais du théâtre et j’appréciais particulièrement cette discipline, où l’on joue avec son corps et ses mots. La conférence, comme l’écriture ou l’image, sont, pour moi des moyens d’expression personnelle et d’excellents supports pour faire passer des messages de sensibilisation.
D'où vous est venue l'idée de faire parler l'animal pendant la conférence ?
Je n’aime pas tellement me mettre en avant et parler à la première personne… Le « moi, je », ce n’est pas pour… moi ! Cette idée m’est venue lors d’une discussion avec un ami dessinateur, avec lequel nous cherchions une approche nouvelle pour mon premier ouvrage « Terre de renard ». Et je dois avouer que c’est une façon très confortable de faire dire à un autre ce que l’on ne peut pas toujours dire soi-même !
Quels sont vos meilleurs et pires souvenirs de photographe ?
Mes meilleurs souvenirs sont sûrement ceux des « toutes premières fois », comme dans la chanson. Premier renardeau, premier tête-à-tête avec le chat sauvage, première rencontre avec la martre, première photographie, surtout, de l’aigle royal, dont je rêvais, après trois jours d’affût dans le froid.
Les pires souvenirs, je les ai oubliés, car il faut toujours relativiser. Il y a, dans la vie, des événements bien plus tragiques que dans la photographie, même si, le fait de voir, à plusieurs reprises du matériel très cher tomber dans l’eau ne fait jamais plaisir…
Merci Fabrice CAHEZ
Pour en savoir plus sur son travail : https://www.fabricecahez.com/home.asp
Comme chaque année, il organise un festival de photo animalière à Tignécourt, voici le lien : naturimages.unblog.fr