Charlie Hebdo.fr du 25 sept 2019
Victor Noël, notre Greta Thunberg à nous
FABRICE NICOLINO · LE 25 SEPTEMBRE 2019
A l'occasion des grèves pour le climat, Charlie a rencontré Victor Noël. A Metz, cet adolescent de 14 ans a monté de but en blanc le réseau de Coquelicots. Pas peu fier de ce fils (quasi) spirituel, Fabrice Nicolino raconte.
Victor Noël : « Quand j’aurai l’âge d’être ministre de l’Écologie, ce ne sera plus trop le temps d’agir. Il sera trop tard ».
Eh bien un jour, j’ai vu arriver sur moi un très jeune garçon avec des cheveux qui me rappelaient les années 70 de ma jeunesse. Longs. Je me trouvais au cœur du festival de Montier-en-Der (Haute-Marne), où s’exposent chaque année en novembre les photos d’un festival international. On y voit le meilleur des montagnes, des océans, des éléphants, des libellules, de la nature sauvage
Ce jeune ado est venu me voir pour faire une courte vidéo, car dans la ville de Rombas (Moselle) – 10 000 habitants -, il n’y avait pas encore de rassemblement des Coquelicots. Et comme j’étais l’initiateur de cet Appel pour l’interdiction de tous les pesticides de synthèse, il me demandait d’expliquer à qui regarderait que Rombas devait avoir son rendez-vous à lui aussi. Romba(s) et pas Rombasse, comme je prononçais, moi qui n’avais jamais entendu parler du lieu.
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Ce gamin – mille pardons -, c’est Victor Noël, 14 ans aux prunes, qui aurait pu et pourrait encore être nôtre Greta Thunberg à nous. Écoutez plutôt. Cinq mois après notre rencontre, le 9 mars 2019, il organisait à Metz, ville proche, une fabuleuse manif de rue pour la biodiversité. Pour les abeilles, les vers de terre, pour tous les insectes et tous les oiseaux de la terre. Avec le concours de dizaines d’associations.
Metz n’est pas une capitale, et 1500 personnes dans les rues ce jour-là, c’est énorme. Mais Victor n’est pas du genre à s’arrêter là. Pilier régional du mouvement des Coquelicots, il a une vision limpide de la crise écologique dans laquelle les vieux de ce monde si vieux ont plongé le monde. Et quand on lui demande ce qu’il ferait s’il devenait plus tard ministre de l’Écologie, il répond du tac-au-tac : « Quand j’aurai l’âge d’être ministre de l’Écologie, ce ne sera plus trop le temps d’agir. Il sera trop tard ».
Victor Noël, qui annonce le printemps.